Imaginez construire une maison sans vérifier la solidité du sol. La migration d'un serveur web sans vérifier la version du système d'exploitation (OS) du nouveau serveur est tout aussi risquée. Les problèmes de compatibilité peuvent transformer une migration planifiée en un véritable cauchemar technique, entraînant des temps d'arrêt coûteux et une perte potentielle de revenus pour votre entreprise.
La migration d'un site web ou d'une application web est un processus complexe qui nécessite une planification minutieuse, notamment lorsqu'il s'agit d'un serveur e-commerce. L'une des étapes cruciales, souvent négligée par les développeurs et administrateurs système, est la vérification de la compatibilité entre l'environnement d'hébergement actuel et le nouvel environnement. Les incompatibilités de version du système d'exploitation (OS) sont une source fréquente de problèmes majeurs lors de la migration, pouvant aller de simples erreurs d'affichage à un dysfonctionnement complet du site, affectant l'expérience utilisateur et le chiffre d'affaires.
Nous explorerons les différentes commandes disponibles, leur utilisation et leur interprétation, afin de vous permettre de migrer votre site web en toute confiance, minimisant les risques d'interruptions de service.
Comprendre l'importance de la version OS pour la compatibilité du site web
La version du système d'exploitation (OS) d'un serveur web est bien plus qu'un simple numéro. Elle représente l'ensemble des composants fondamentaux qui permettent au matériel et aux logiciels de fonctionner ensemble de manière optimale. Elle englobe le noyau, la distribution Linux, la release et l'architecture du système, chacun jouant un rôle déterminant dans la stabilité et la performance du serveur.
Définition de "version OS"
La version OS fait référence à une instance spécifique d'un système d'exploitation Linux. Par exemple, "Ubuntu Server 20.04 LTS" est une version spécifique d'Ubuntu. Le "20.04" indique l'année et le mois de la release (Avril 2020), tandis que "LTS" signifie Long Term Support, garantissant des mises à jour de sécurité pendant plusieurs années. De même, "CentOS Stream 8" est une version de CentOS Stream, la version continue de CentOS. Chaque version apporte des améliorations, des corrections de bugs et potentiellement des changements majeurs dans la manière dont le système fonctionne. La version du noyau Linux, souvent mentionnée, est le cœur même de l'OS, responsable de la gestion des ressources du système et de la communication avec le matériel du serveur.
Dépendances et bibliothèques
Les applications web, qu'il s'agisse d'un simple blog WordPress ou d'une plateforme e-commerce Magento complexe, s'appuient sur des dépendances et des bibliothèques pour fonctionner correctement. Ces bibliothèques sont des ensembles de code pré-écrit qui fournissent des fonctionnalités spécifiques, telles que la gestion des connexions réseau pour une communication rapide, le traitement des images pour un affichage optimal ou la manipulation des données pour une gestion efficace de la base de données. Si une bibliothèque est manquante, obsolète ou incompatible avec la version de l'OS du serveur web, l'application web risque de ne pas fonctionner correctement, entraînant des erreurs et une mauvaise expérience utilisateur.
- Glibc : La bibliothèque C standard, essentielle pour la plupart des programmes Linux. Une version incorrecte de `glibc` peut entraîner des erreurs de segmentation et des plantages, rendant le serveur instable.
- OpenSSL : Fournit des fonctions de chiffrement et de sécurité pour les communications HTTPS. Les versions d'OpenSSL sont cruciales pour la sécurité des connexions HTTPS, protégeant les données sensibles des utilisateurs. Des vulnérabilités dans OpenSSL peuvent compromettre la sécurité du serveur.
- LibXML2 : Permet de manipuler des documents XML, utilisés pour la configuration et l'échange de données. Utilisée par de nombreuses applications web pour le traitement des données, en particulier pour les flux RSS et les APIs.
- zlib : Bibliothèque de compression utilisée pour réduire la taille des fichiers et améliorer la vitesse de chargement des pages web.
Imaginez que votre site e-commerce utilise une fonctionnalité de paiement qui requiert une version spécifique d'une bibliothèque cryptographique. Si le nouveau serveur n'a qu'une ancienne version, la fonctionnalité de paiement ne fonctionnera pas. Cela peut se traduire par des erreurs d'authentification, des problèmes avec les paiements en ligne, ou des failles de sécurité, entraînant une perte de confiance des clients et une baisse des ventes. Par exemple, un site utilisant une ancienne version d'OpenSSL (inférieure à 1.0.2) peut être vulnérable à des attaques de type POODLE.
Versions des logiciels serveur
La version OS est intimement liée aux versions des logiciels serveur comme PHP, MySQL/MariaDB, Apache/Nginx. Ces logiciels sont souvent compilés et optimisés pour fonctionner avec des versions spécifiques de l'OS Linux. Une incompatibilité entre ces versions peut entraîner des problèmes de performance, des erreurs d'exécution, des failles de sécurité et des conflits de dépendances, affectant la disponibilité du serveur web.
Prenons l'exemple de PHP. PHP 5.6 est une version ancienne qui n'est plus supportée et présente de nombreuses vulnérabilités de sécurité. Migrer un site WordPress PHP 5.6 vers un serveur avec PHP 8.2 sans tester la compatibilité peut entraîner des erreurs fatales, car de nombreuses fonctions ont été supprimées ou modifiées. Il est impératif de vérifier si les extensions PHP utilisées par le site (e.g., `mysqli`, `gd`, `curl`, `openssl`) sont disponibles et compatibles avec la version de PHP du nouveau serveur, ainsi que de tester les plugins et thèmes utilisés. Environ 30% des sites WordPress utilisent encore des versions obsolètes de PHP, les exposant à des risques de sécurité accrus.
La vérification de la compatibilité entre le système d'exploitation Linux et la base de données (MySQL ou MariaDB) est également cruciale. Les différentes versions de ces logiciels ont des fonctionnalités et des paramètres de configuration différents. Par exemple, un site e-commerce Magento conçu pour MySQL 5.7 pourrait ne pas fonctionner correctement sur MySQL 8.0 sans modifications du code et des schémas de base de données. Le passage de MySQL 5.7 à MySQL 8.0 implique une mise à jour du schéma de base de données et une adaptation des requêtes SQL.
De même, les serveurs web Apache et Nginx ont des configurations spécifiques pour chaque version de l'OS Linux. Il faut donc examiner et ajuster la configuration du serveur pour assurer la compatibilité avec le nouveau système d'exploitation. Ceci concerne particulièrement la gestion des virtual hosts pour l'hébergement de plusieurs sites web, les modules activés (e.g., mod_rewrite pour Apache) et la configuration SSL pour la sécurité des connexions HTTPS. Une configuration incorrecte d'Apache ou Nginx peut entraîner des problèmes de performance, des erreurs 403 (interdit) ou des boucles de redirection.
Architecture du système (32-bit vs 64-bit)
L'architecture du système, qu'il soit 32 bits ou 64 bits, est une caractéristique fondamentale de l'OS Linux du serveur. Les systèmes 32 bits peuvent adresser un maximum de 4 Go de mémoire RAM, tandis que les systèmes 64 bits peuvent adresser beaucoup plus (jusqu'à 17 milliards de Go). Migrer un site web conçu pour une architecture 64 bits vers un serveur 32 bits est impossible sans modifications importantes et une réécriture complète de certaines parties du code.
Si votre site utilise des binaires compilés (par exemple, des extensions PHP Zend Guard), ils doivent être compilés pour l'architecture cible. Un binaire compilé pour un système 64 bits ne fonctionnera pas sur un système 32 bits. Cela peut se traduire par des erreurs d'exécution et l'impossibilité d'utiliser certaines fonctionnalités du site, notamment les modules de paiement ou les outils d'analyse.
Conséquences d'une mauvaise compatibilité
Ne pas tenir compte des incompatibilités entre la version de l'OS Linux et les logiciels utilisés par votre site web peut avoir des conséquences désastreuses pour votre entreprise. Voici quelques exemples:
- Erreurs 500 : Erreurs serveur génériques indiquant un problème dans le code de l'application ou dans la configuration du serveur. Ces erreurs sont frustrantes pour les utilisateurs et peuvent les faire quitter le site. Le taux de rebond peut augmenter de 20% en cas d'erreurs 500 fréquentes.
- Pages blanches : L'application ne parvient pas à générer le contenu de la page, affichant une page vide à l'utilisateur. Cela peut être dû à une erreur de PHP ou à une configuration incorrecte du serveur web.
- Dysfonctionnement des fonctionnalités : Certaines parties du site web ne fonctionnent pas correctement (par exemple, les formulaires ne s'envoient pas, les images ne s'affichent pas, les fonctions de recherche ne marchent pas). Cela peut affecter l'expérience utilisateur et entraîner une baisse des conversions.
- Vulnérabilités de sécurité : Utiliser des logiciels obsolètes ou incompatibles peut exposer le site web à des failles de sécurité connues, permettant aux pirates d'accéder aux données sensibles ou de prendre le contrôle du serveur. La correction de ces vulnérabilités peut s'avérer très coûteuse et nuire à la réputation de votre entreprise. Plus de 60% des piratages de sites web sont dus à des failles de sécurité non corrigées dans les logiciels serveur ou les extensions CMS.
Commandes linux pour identifier la version de l'OS du serveur
Heureusement, Linux propose plusieurs commandes simples et efficaces pour identifier la version de l'OS du serveur web. Ces commandes fournissent des informations détaillées sur la distribution Linux, la version du noyau, l'architecture du système et d'autres paramètres importants pour la compatibilité du serveur web et des applications hébergées.
Commande `uname` pour obtenir les informations du noyau linux
La commande `uname` est un outil fondamental pour obtenir des informations sur le noyau du système Linux. Elle permet d'afficher le nom du noyau, la version du noyau, l'architecture du système et d'autres détails techniques.
Voici quelques options courantes de la commande `uname`:
- `uname -a` : Affiche toutes les informations disponibles sur le noyau Linux. Exemple de sortie sur un serveur Ubuntu: `Linux serveur 5.4.0-122-generic #138-Ubuntu SMP Fri Jun 24 12:25:01 UTC 2022 x86_64 GNU/Linux`
- `uname -s` : Affiche le nom du noyau (généralement "Linux").
- `uname -r` : Affiche la version du noyau Linux (par exemple, "5.4.0-122-generic").
- `uname -m` : Affiche l'architecture du système (par exemple, "x86_64" pour un système 64 bits ou "i686" pour un système 32 bits).
L'interprétation de la sortie de `uname -a` est cruciale pour la compatibilité du serveur web. Dans l'exemple ci-dessus, on peut déduire que le serveur utilise un noyau Linux version 5.4.0, est basé sur une architecture 64 bits (x86_64) et fonctionne sous un système GNU/Linux (probablement Ubuntu Server). Cela permet de vérifier si les logiciels serveur (PHP, MySQL, Apache, Nginx) sont compatibles avec cette version du noyau et cette architecture.
Commande `lsb_release` pour identifier la distribution linux
La commande `lsb_release` (si disponible sur le serveur) fournit des informations plus conviviales sur la distribution Linux utilisée. Elle affiche le nom de la distribution, sa version et son nom de code.
Pour afficher toutes les informations, utilisez la commande `lsb_release -a`. Exemple de sortie sur un serveur Debian:
Distributor ID: Debian Description: Debian GNU/Linux 10 (buster) Release: 10 Codename: buster
Si la commande `lsb_release` n'est pas installée par défaut sur le serveur, vous pouvez l'installer avec la commande `sudo apt install lsb-release` (sur les systèmes Debian/Ubuntu) ou `sudo yum install redhat-lsb-core` (sur les systèmes CentOS/RHEL). Il est recommandé d'installer `lsb_release` car elle rend l'identification de la version de la distribution plus intuitive et facilite la vérification de la compatibilité.
Contenu des fichiers `/etc/os-release` et `/etc/*-release` pour une identification standardisée
Les fichiers `/etc/os-release` et `/etc/*-release` (par exemple, `/etc/redhat-release`, `/etc/debian_version`) contiennent des informations standardisées sur la distribution Linux du serveur. Ces fichiers sont généralement au format clé-valeur et peuvent être visualisés avec les commandes `cat` ou `less`, permettant une identification fiable de la distribution et de sa version.
Par exemple, la commande `cat /etc/os-release` peut afficher le contenu suivant sur un serveur Ubuntu 20.04:
NAME="Ubuntu" VERSION="20.04.5 LTS (Focal Fossa)" ID=ubuntu ID_LIKE=debian PRETTY_NAME="Ubuntu 20.04.5 LTS" VERSION_ID="20.04" HOME_URL="https://www.ubuntu.com/" SUPPORT_URL="https://help.ubuntu.com/" BUG_REPORT_URL="https://bugs.launchpad.net/ubuntu/"
Ces fichiers offrent une méthode fiable et standardisée pour obtenir des informations sur la distribution Linux, quel que soit l'environnement du serveur, facilitant la gestion de la compatibilité et des mises à jour.
Commande `cat /proc/version` pour des informations détaillées sur le noyau
La commande `cat /proc/version` affiche des informations brutes sur la version du noyau Linux du serveur. Elle est utile pour identifier des détails très spécifiques, tels que la date de compilation du noyau et le compilateur utilisé pour sa construction. Ces informations peuvent être utiles pour diagnostiquer des problèmes de compatibilité spécifiques ou pour vérifier si le noyau a été modifié.
Exemple de sortie de la commande `cat /proc/version`:
Linux version 5.4.0-122-generic (buildd@lcy021) (gcc version 9.4.0 (Ubuntu 9.4.0-1ubuntu1)) #138-Ubuntu SMP Fri Jun 24 12:25:01 UTC 2022
Comparaison des commandes pour identifier la version de l'OS linux
Commande Linux | Avantages | Inconvénients | Disponibilité |
---|---|---|---|
`uname` | Toujours disponible sur les serveurs Linux, fournit des informations sur le noyau et l'architecture. | Ne fournit pas d'informations sur la distribution Linux spécifique. | Presque toutes les distributions Linux. |
`lsb_release` | Fournit des informations conviviales sur la distribution Linux. | Peut ne pas être installée par défaut sur tous les serveurs. | La plupart des distributions Linux basées sur Debian et Red Hat. |
`/etc/os-release` | Méthode standardisée et fiable pour identifier la distribution Linux. | Nécessite d'analyser le fichier pour extraire les informations pertinentes. | Distributions Linux récentes utilisant `systemd`. |
`cat /proc/version` | Fournit des informations détaillées sur le noyau Linux, y compris la date de compilation. | Informations brutes, moins conviviales pour une identification rapide de la distribution. | Toutes les distributions Linux. |
Interprétation des résultats et vérification de la compatibilité des versions
Une fois que vous avez obtenu les informations sur la version de l'OS Linux du serveur, l'étape suivante consiste à les interpréter correctement et à vérifier la compatibilité avec les logiciels utilisés par votre site web ou votre application web, afin d'éviter des problèmes de migration.
Analyse des informations recueillies sur la version du serveur
L'analyse des informations de la version de l'OS du serveur demande d'identifier la distribution Linux (par exemple, Ubuntu Server, CentOS, Debian), sa version (par exemple, 20.04, 7, 11), l'architecture (32-bit ou 64-bit) et la version du noyau Linux. Il est crucial de comprendre qu'il existe une différence entre la version du noyau Linux et la version de la distribution Linux. La version du noyau Linux est le cœur du système, tandis que la version de la distribution Linux inclut tous les autres logiciels et outils qui fonctionnent ensemble.
Par exemple, si la commande `lsb_release -a` affiche "Ubuntu Server 20.04.5 LTS", cela signifie que le serveur utilise la distribution Ubuntu Server version 20.04.5 LTS (Long Term Support), garantissant un support à long terme et des mises à jour de sécurité. Si la commande `uname -m` affiche "x86_64", cela indique que le serveur utilise une architecture 64-bit. En connaissant ces informations cruciales, vous pouvez consulter la documentation des logiciels que votre site web utilise (PHP, MySQL/MariaDB, Apache, Nginx, CMS WordPress, Magento, etc.) pour vérifier s'ils sont compatibles avec Ubuntu Server 20.04 et l'architecture 64-bit.
Utilisation des matrices de compatibilité des logiciels serveur
Les matrices de compatibilité sont des tableaux qui indiquent quelles versions de logiciels sont compatibles avec quelles versions d'OS Linux. Elles sont généralement fournies par les éditeurs de logiciels serveur (PHP, MySQL/MariaDB, Apache, Nginx, etc.) et les fournisseurs de CMS (WordPress, Magento, Drupal). Ces matrices permettent de s'assurer que les versions utilisées sont compatibles, supportées et optimisées pour la distribution Linux cible.
Voici quelques exemples d'où trouver des matrices de compatibilité pour les logiciels serveur couramment utilisés :
- PHP : Consultez la documentation officielle de PHP (php.net) pour connaître les versions d'OS Linux supportées par chaque version de PHP. Par exemple, PHP 8.1 est supporté sur Ubuntu Server 20.04 et CentOS Stream 8, tandis que PHP 7.4 n'est plus supporté depuis novembre 2022 et présente des risques de sécurité.
- MySQL/MariaDB : Consultez la documentation de MySQL (mysql.com) ou MariaDB (mariadb.org) pour vérifier la compatibilité avec différentes versions d'OS Linux. MariaDB 10.6 est supportée sur Ubuntu Server 20.04 et CentOS 7, mais il est impératif de vérifier les notes de version et les prérequis avant de migrer.
- Apache/Nginx : La documentation d'Apache (httpd.apache.org) et de Nginx (nginx.org) fournissent des informations sur la compatibilité avec différentes versions d'OS Linux. Nginx 1.22 est compatible avec plusieurs distributions Linux, mais il faut vérifier les dépendances (notamment OpenSSL et zlib) et les modules utilisés.
- WordPress : Consultez la documentation de WordPress (wordpress.org) pour les prérequis concernant la version de PHP et de MySQL/MariaDB. WordPress 6.0 recommande PHP 7.4 ou supérieur et MySQL 5.7 ou MariaDB 10.3 ou supérieur.
Vérification des dépendances avec les outils linux
La vérification des dépendances est une étape cruciale pour identifier les bibliothèques et les logiciels requis par votre site web et s'assurer qu'ils sont présents et compatibles sur le nouveau serveur Linux. La commande `ldd` (List Dynamic Dependencies) permet de lister les bibliothèques partagées dont dépend un exécutable, facilitant l'identification des dépendances manquantes.
Exemple d'utilisation de la commande `ldd` pour vérifier les dépendances de PHP :
ldd /usr/bin/php
La sortie de cette commande affichera une liste des bibliothèques dont PHP dépend. Il faut vérifier si ces bibliothèques sont présentes sur le nouveau serveur et si leurs versions sont compatibles avec la version de PHP utilisée. Par exemple, si PHP dépend de la bibliothèque `libssl.so.1.1`, il faut s'assurer que cette bibliothèque est installée sur le nouveau serveur et que sa version est compatible avec PHP.
Pour vérifier les versions des packages installés sur le système Linux, vous pouvez utiliser les commandes `apt-cache policy` (sur les systèmes Debian/Ubuntu) ou `yum info` (sur les systèmes CentOS/RHEL), permettant d'identifier les versions installées des bibliothèques et des logiciels serveur.
Exemple d'utilisation de `apt-cache policy` pour vérifier la version de PHP :
apt-cache policy php8.1
Cas d'études de problèmes de compatibilité rencontrés
Examinons quelques scénarios concrets de migration de site web avec des problèmes de compatibilité de version OS Linux rencontrés par des entreprises :
- Migration d'un serveur CentOS 6 à Ubuntu Server 20.04 : CentOS 6 est une version obsolète qui utilise une version ancienne de PHP (PHP 5.3) et de MySQL (MySQL 5.1). Migrer un site web de CentOS 6 vers Ubuntu Server 20.04 nécessite une mise à jour majeure de PHP et de MySQL, ce qui peut impliquer des modifications importantes du code de l'application. Une entreprise a rencontré des problèmes avec son site e-commerce après cette migration, car le code n'était pas compatible avec PHP 7.4.
- Migration d'un site WordPress PHP 5.6 vers PHP 7.4 : PHP 7.4 apporte des améliorations significatives de performance et de sécurité, mais il est incompatible avec certains codes écrits pour PHP 5.6. Une agence web a dû revoir l'ensemble du code d'un site WordPress pour le rendre compatible avec PHP 7.4 après la migration, car de nombreuses fonctions étaient obsolètes ou avaient été supprimées.
- Migration d'un site utilisant des extensions spécifiques à une version d'OS Linux : Certaines extensions PHP ou modules Apache peuvent être compilées spécifiquement pour une version d'OS Linux. Une entreprise a rencontré des problèmes avec un module de paiement après avoir migré son serveur vers une nouvelle version d'OS Linux, car le module n'était pas compatible et devait être recompilé.
Solutions et mitigation des problèmes de compatibilité de la version OS
Heureusement, il existe plusieurs solutions pour résoudre ou atténuer les problèmes de compatibilité de version OS Linux lors de la migration d'un site web ou d'une application web. La clé est de diagnostiquer les problèmes à l'avance, de planifier les actions correctives et d'effectuer des tests approfondis avant la migration en production.
Options de mise à niveau des logiciels serveur et de l'OS linux
Une option consiste à mettre à niveau la version de l'OS Linux sur le nouveau serveur. Cela peut résoudre les problèmes de compatibilité en fournissant les bibliothèques et les logiciels requis. Toutefois, la mise à niveau de l'OS Linux est une opération complexe qui peut entraîner des problèmes si elle n'est pas effectuée correctement. Il est crucial de faire une sauvegarde complète du serveur avant de procéder à une mise à niveau.
Il est également possible de mettre à niveau les logiciels serveur individuellement (PHP, MySQL, Apache, Nginx). Cela peut être une option plus simple que la mise à niveau de l'OS Linux, mais il faut s'assurer que les nouvelles versions des logiciels sont compatibles avec la version de l'OS Linux. Une entreprise a choisi de mettre à niveau PHP de la version 7.2 à la version 8.1 sur son serveur Ubuntu 20.04, ce qui a amélioré les performances de son site web de 15%.
Quelle que soit l'approche, il est impératif de tester toutes les modifications dans un environnement de test avant de les appliquer en production. Cela permet de détecter les problèmes de compatibilité à l'avance et d'éviter les temps d'arrêt imprévus. Une agence web effectue systématiquement des tests sur un environnement de préproduction avant de déployer les mises à jour sur les serveurs de ses clients.
Virtualisation et conteneurisation (docker) pour l'isolation
La virtualisation et la conteneurisation, notamment avec Docker, sont des solutions puissantes pour isoler les dépendances d'un site web et éviter les problèmes de compatibilité. Docker permet de créer des conteneurs qui encapsulent toutes les dépendances d'un site web, y compris la version de l'OS Linux, les bibliothèques et les logiciels serveur.
En utilisant Docker, vous pouvez migrer un site web vers un nouveau serveur sans vous soucier de la compatibilité de la version de l'OS Linux, car le conteneur fournit l'environnement d'exécution requis. De nombreuses entreprises utilisent Docker pour déployer leurs applications web, car cela simplifie la migration et garantit la cohérence de l'environnement.
Un exemple simple de configuration d'un conteneur Docker avec une version spécifique de PHP est de créer un fichier `Dockerfile` avec le contenu suivant :
FROM php:8.1-apache COPY . /var/www/html
Cela créera un conteneur avec PHP 8.1 et Apache, et copiera les fichiers du site web dans le répertoire `/var/www/html`. Cette approche permet de garantir la compatibilité, même si le serveur hôte utilise une version différente de PHP.
Compatibilité ascendante : une approche à long terme
Pour minimiser les problèmes de compatibilité à long terme, il est important d'adopter des pratiques de programmation qui favorisent la compatibilité ascendante. Cela consiste à utiliser des abstractions, des configurations et des bibliothèques multiplateformes, et à éviter les fonctionnalités dépréciées ou spécifiques à une version d'OS Linux. Une agence web a adopté cette approche en utilisant des frameworks PHP qui offrent une compatibilité ascendante avec les nouvelles versions de PHP.
Retour en arrière (rollback) : un plan de secours indispensable
Il est crucial d'avoir un plan de retour en arrière en cas de problème de compatibilité après la migration. Cela implique de faire une sauvegarde complète du serveur avant la migration et d'avoir une procédure claire pour restaurer le serveur à son état précédent. Une entreprise a rencontré des problèmes avec sa base de données après une migration, mais a pu restaurer rapidement la sauvegarde et minimiser les temps d'arrêt.
Meilleures pratiques et points clés
Voici un résumé des meilleures pratiques pour garantir une migration de site web réussie en matière de compatibilité de version OS Linux :
- Toujours vérifier la version OS Linux avant de migrer un site web.
- Utiliser des matrices de compatibilité pour s'assurer que les logiciels serveur sont compatibles.
- Tester les mises à niveau dans un environnement de test.
- Envisager l'utilisation de conteneurs Docker pour isoler les dépendances.
- Avoir un plan de retour en arrière bien défini et testé.
Adopter une approche proactive en matière de compatibilité de version OS Linux est essentiel pour éviter les problèmes et les coûts liés à la résolution des problèmes après la migration. Le coût de la prévention est bien inférieur au coût de la résolution des problèmes.
La vérification de la version OS Linux n'est pas une simple formalité, mais une étape cruciale pour garantir la réussite de votre migration et la stabilité de votre site web, contribuant à une meilleure expérience utilisateur et à une réduction des coûts à long terme.